3 ha arrachés pour protester contre la mainmise du négoce
Ce
27 octobre quatre pelleteuses sont venues arracher les 3 ha de vignes
situées à Chouilly (Marne) sur un terrain appartenant à l'hôpital
d'Epernay. Une opération coupe de poing en présence du syndicat général
des vignerons (SGV) et du groupe des jeunes viticulteurs de Champagne.
Jusqu’à ces vendanges, ces
3 ha étaient exploités par 25 vignerons bénéficiaires d’un bail de vingt-cinq ans.
Mais ce bail est arrivé à échéance. Les vignerons réunis au sein d’un
collectif ont fait une proposition au directeur de l’hôpital, mais Moët
& Chandon a remporté la mise. L’hôpital d’Épernay a choisi de louer
ses vignes au négociant.
Pour conserver leurs droits de plantation, les
vignerons concernés devaient procéder à l’arrachage avant le 30 octobre
2011. Ce qu’ils ont fait, avec l’appui de conseil d’administration du
syndicat général des vignerons.
Visionner la vidéo de l'arrachage
Reste maintenant au nouveau locataire à trouver des droits pour
replanter ces parcelles. « Nous allons suivre de près comment ces vignes
vont être replantées », commente Patrick Boivin, président du collectif
qui regroupe 21 des 25 vignerons évincés.
Le sentiment général des participants à cette opération de médiatisation est que
certains négociants franchissent la ligne jaune du droit et du respect du code rural.
Visionner la vidéo des témoignages de Pascal Férat et Patrick Boivin
Ce nouveau bail symbolise la fuite du foncier vers quelques
négociants, mieux armés financièrement que les vignerons. À 850 000 €/ha
en moyenne, le ticket d’entrée n’est accessible qu’à une frange de la
profession. Cette situation inquiète le vignoble qui, à terme, craint
pour son pouvoir au sein de l’interprofession. Le SGV en appelle à
l’esprit responsable des viticulteurs pour privilégier leurs confrères
plutôt que le négoce lors de cessions de vignes.
« Pendant longtemps, il y a eu
un équilibre entre la production et le négoce en Champagne,
a rappelé Pascal Férat, président du syndicat général des vignerons aux
vignerons présents à la conférence sur la transmission des
exploitations le 21 octobre, au salon VITeff à Épernay.
Cet équilibre est en train d’être rompu
par le fait que le négoce se porte de plus en plus acquéreur de terres.
Si vous voulez que le SGV reste fort et qu’il puisse continuer à vous
défendre, cela passe aussi par la transmission de l’outil de production
aux viticulteurs plutôt qu’au négoce. »
La présence d’une soixantaine de professionnels montre la
détermination du syndicat général des vignerons à se battre pour que le
foncier reste dans les mains du vignoble. Et à faire respecter leurs
droits.
A. L.